Chapitre #2, Acte 1 | Incognito, de Yann Perreau : La bible de l’anonymat ?

Après notre enquête sur l’anonymat dans la célébrité, voici une analyse du livre de Yann Perreau sur le sujet, “Incognito”.
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Le 22 mars 2017, le journaliste et critique d’art Yann Perreau sortait son livre Incognito : anonymats, histoires d’une contre-culture aux éditions Grasset. Au fil des pages, il enquête sur les raisons derrière cet anonymat, une pratique souvent floue qui cache tout un symbolisme. 

« Entre nous, Superman est plus intéressant que Clark Kent, non ? » – Yann Perreau.

Bansky, Daft Punk, Anonymous, Chelsea Manning ou bien même les Lucha Libre (des catcheurs mexicains masqués), la liste des anonymes est longue. Mais la véritable question n’est pas de savoir qui ils sont en réalité, mais pourquoi sont-ils anonymes ? « Ne pas tomber dans le piège du dévoilement, ne pas essayer d’ôter les masques, mais observer leurs détails avec soin, regarder avec eux dans la direction qu’ils indiquent. » C’est avec ces quelques mots en introduction du livre que Yann Perreau annonce la couleur. Le livre ne vous dévoilera aucun scoop. 

Ici, il s’agit de s’intéresser à une raison, « une technique ». Comment Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo ont-ils quitté leur enveloppe charnelle pour devenir cyborgs ? Pourquoi le slogan « mon nom est légion, car nous sommes innombrables » est-il devenu l’étendard des Anonymous ? Que cachent les différents pseudonymes de Romain Gary ? 

« J’ai choisi dans mon livre des personnes qui m’ont inspiré parce qu’elles sont complexes. Il faut décrire l’énigme et comprendre tout ce qui est dit à travers des signes. » 

Yann Perreau

‘Stratégies’, ‘Héros masqués’, ‘Renverser les valeurs’, ‘État des lieux’… le livre est ainsi divisé en plusieurs chapitres pour aborder différents thèmes de l’anonymat. Yann Perreau nous a avoué avoir écrit Incognito en utilisant la narrative non-fiction, un genre littéraire utilisant des styles pour créer un récit factuellement exact : « Je fais un geste de fiction comme si j’écrivais un roman. Je ne suis plus tout le temps dans le journalisme, je suis entre les deux. Je me suis autorisé à me mettre dans la peau de ces personnages. » Un choix qu’il justifie comme un hommage à ces personnes anonymes qui l’intriguent tant. 

Voir depuis le masque plus que derrière le masque 

Aujourd’hui ami proche des Daft Punk, l’anonymat est un thème qui a marqué notre écrivain depuis sa naissance. « J’ai une sœur jumelle, donc toute notre enfance on remet déjà certaines choses en question. » Mais c’est à Londres qu’il vivra aux premières loges les débuts du phénomène du street art : Banksy. 

Au moment de l’émergence de ce dernier et des deux artistes français, l’apparition d’Internet va offrir un nouveau terrain de jeu pour s’exprimer anonymement. « La génération des débuts du web a cru en Internet comme un lieu d’utopie et d’anonymat. Mais pour moi, le tournant du siècle c’est Facebook et son interdiction d’avoir des pseudos, car jusque-là, Internet était une réinvention de soi », déclare-t-il. 

Un commencement d’une nouvelle ère qu’il découvrira de plein fouet en Californie, à Los Angeles, lieu où il réside à l’époque. Une ville qu’il qualifie lui-même comme la ville du superficiel et de l’apparence. « J’avais des amis très proches qui étaient acteurs, ou dans cette industrie, et qui tout à coup utilisaient encore plus les outils comme Facebook pour se montrer […] et je trouvais ça assez triste, car ça devenait une nécessité vitale », résume-t-il. 

Un phénomène des réseaux sociaux que notre journaliste regrette encore aujourd’hui  et qu’il dénoncerait s’il pouvait revenir dans le temps à bord d’une DeLorean : « Ce qui est effrayant dans le monde, c’est qu’il n’y a plus de distinctions entre l’œuvre et l’artiste avec les réseaux sociaux. C’est une des choses que je dirais si j’écrivais le bouquin aujourd’hui. »

Retrouvez notre enquête sur l’anonymat et la célébrité, juste ici !
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